Compte Rendu Intervention de Luc Huber -1er Mars
Intervention de Luc HUBER – militant associatif Alsace Nature.
Texte rédigé par Jacqueline à partir des enregistrements audio.
Il va nous parler du lien entre remembrement et paysage de la campagne alsacienne
Luc rappelle qu'il est venu au Potimarron sur un projet concernant les mobilités : Quels transports pour quelle société ? Il nous avait parlé alors du GCO contre lequel il se bat depuis 10 ans au sein du collectif "anti GCO" car le GCO est " une mauvaise solution à un vrai problème ."
Aujourd'hui Luc parlera du remembrement qui a un lien avec le GCO puisque le passage de celui- ci , s'il se fait , entraînera une redéfinition du foncier sur le territoire de 25 communes agricoles et périurbaines.
Ce remaniement du foncier devra tenir compte à la fois des enjeux agricoles , environnementaux et citoyens… citoyens parce que les gens " les rurbains " qui ont acheté des terrains très chers pour être à la campagne tout en étant à la porte de l'agglomération strasbourgeoise ont envie de profiter de la nature , des chemins pédestres, des sites agréables et pas seulement se retrouver à faire leur jogging au bord d’une route .
Un équilibre devrait être trouver entre ces 3 enjeux, mais en réalité ça se passe autrement : dans les commissions de remembrement , il devrait y avoir des représentants des propriétaires terriens , des exploitants , des élus de la commune mais les agriculteurs s'arrangent pour être représentés quasiment à 90 % .Sur 20 personnes présentes à la commission , il y a 18 agriculteurs . Pour le représentant de la nature PQPN( Personne Qualifiée en matière de Protection de la Nature ), c'est très dur d'essayer de défendre la nature et les enjeux qu'il y a derrière :des enjeux paysagers : est ce qu'on veut que l'Alsace ressemble à la Beauce , à la Brie avec des grandes lignes droites , des champs à perte de vue où tout est rectifié, nivelé. Sans relief, il n'y a plus de paysages.
Pour Jean Michel (Sicard), la question du rural, concerne directement les citadins que nous sommes puisque se pencher sur cette question, c'est se demander quelle agriculture on veut car l'agriculture concerne directement notre alimentation.
Yvette dit qu'à Marne La vallée, Disney Land veut agrandir son parc sur 45 hectares ; des agriculteurs sont expropriés; est ce Disney Land qui est l'avenir de notre pays ? 45 hectares, qui partent en fumée …. on devra chercher l'alimentation ailleurs , dans les pays en voie de développement …des aliments qui vont faire des milliers de kilomètres et ainsi produire des gaz à effet de serre, alors qu'ici à Marne La vallée on pourrait garder les 45 hectares pour l'agriculture Personnellement moi ça me touche ça me fait mal aux tripes de voir ça. Il y a quasiment l'équivalent de 2 terrains de football en terres qui partent tous les jours, dans les constructions et le reste….
Thérèse évoque la ceinture maraîchère qui est en train de se développer autour des villes.
1000 hectares en Alsace, qui étaient agricoles, sont, chaque année artificialisées, soit par l’urbanisation, soit par différentes infrastructures telles que les transports et autres.
La question se pose : est ce qu'il faut continuer de perdre autant de terres agricoles ? Est ce qu'il faut que le Brésil devienne la ferme du monde et nous inonde de produits agricoles ? Est-ce que l'avenir n'est pas à quelque chose de local Ne faut-il pas gagner en autosuffisance alimentaire ? Pour une ville comme Strasbourg, l’enjeu très important pour les décennies à venir Créer, par exemple, une ceinture maraîchère autour de Strasbourg afin d'être autosuffisant au niveau des fruits et des légumes.
Si le GCO ne se fait pas -on continue la bataille contre cette autoroute -, on pourra transformer les 300 hectares en trames vertes et en ceinture maraîchère.
"En tant que naturaliste, je suis concerné par la trame verte et bleue. L’enjeu, c’est la question des mobilités de la faune et la flore …. Des enjeux liés à la biodiversité. En Alsace comme partout dans le monde, la biodiversité a beaucoup régressé depuis ces dernières décennies : des espèces ont disparu. L'un des enjeux , est de créer des corridors écologiques qui relient entre eux des espaces encore naturels pour que la flore et la faune puissent se déplacer ; ainsi on espère regagner de la biodiversité car on pense que l'avenir de l'espèce humaine passe par l'arrêt de l'atteinte à la biodiversité ;les corridors verts permettent à la flore et à la faune de circuler et nous ,dans les commissions de remembrement l'une de nos principales revendications , c'est d'obtenir ces fameux corridors verts ."
A ne pas confondre avec les enjeux citoyens : un corridor vert ça permet à la faune de circuler en toute tranquillité ; souvent ça peut être le long d'un ruisseau, alors que les citoyens qui ont besoin de chemins de promenades et pistes cyclables ne doivent pas être au même endroit que les couloirs écologiques : ils peuvent aller de l'autre côté du ruisseau…
"Quand on parle de terres agricoles, il y a vraiment des choses qui sont en notre défaveur : les agriculteurs ont un enjeu économique que nous comprenons, mais ils en parlent toujours en terme de " contraintes environnementales. On estime qu'un agriculteur ne devrait pas parler en terme de contraintes environnementales, parce que sans la nature, l'agriculteur n'est rien. Il n'y pas d'agriculture sans nature et pour l'instant l’environnement, pour les agriculteurs c'est encore des contraintes alors nous on essaie de se battre. Parmi les marges de manœuvre , le ruisseau est assez intéressant , parce que l'Europe impose de garder le long des ruisseaux des bandes de 5 mètres enherbées ; avant les agriculteurs plantaient du maïs jusque presque la moitié du ruisseau ! La PAC leur paye ces bandes enherbées ; et pour nous c'est une opportunité pour négocier ces terres agricoles - là."
"Du coup, il est plus facile de négocier les trames vertes , les couloirs écologiques , voire les sentiers de randonnées pour les citoyens - et les associations de pêcheurs sont aussi associés ; dans une commission de remembrement , il y a 3 PQPN , un nommé par Alsace Nature , un nommé par les chasseurs et les pêcheurs et le 3 ème est nommé par la Chambre d'agriculture ,alors qu'ils sont déjà 18 personnes sur 20 à 22 ....Ainsi, ils ont même réussi à ce que l'un des 3 OQPN soit un agriculteur ; ça montre bien où se situent les rapports de force …"
"Dans les commissions de remembrement, être PQPN, est très frustrant car nous, on a un idéal ; on accepte d'être PQPN, mais le rapport de force n'est pas en notre faveur. Pourtant, le peu qu'on arrive à obtenir, on ne l’aurait pas si on n’y était pas."
"Je dois dire que Conseil Général qui pilote ces remembrements joue assez bien le jeu Il est sensé être arbitre entre les 3 enjeux ; mais même si un arbitre est objectif ....si dans une équipe il y a 20 joueurs ; et dans l'autre équipe il y en a deux , l’arbitre n’arrivera pas à faire gagner l'équipe où y a seulement deux joueurs ."
"Les zones naturelles autour de Strasbourg ne sont plus très nombreuses. Si vous allez à Pflugriesheim , il n' y a déjà plus beaucoup d'arbres ;il n’ y a pas de haies , il n'y a plus grand chose par rapport il y a 40 ou 50 ans , mais c'est LA PAC( politique agricole commune ) qui a crée cela . Aujourd’hui, , avec les nouvelles directives, au niveau d’une commission de remembrement, voila comment ça se passe :s’il y a un élément naturel sur un terrain … au mieux , il est préservé ; au pire s'il doit être enlevé parce qu'on veut agrandir des champs ou faire passer une autoroute , il doit être compensé à un autre endroit .Donc, on part d'un état des lieux pour voir où il y a des bosquets, des arbres avant de commencer le remembrement et comme ça , à la fin - un remembrement ça peut durer 6 ans - on fait le point : est ce qu'il y a autant de nature qu'il y avait avant …..Voir un peu plus si on arrive à bien négocier. certains agriculteurs - pas tous , je ne veux pas les diaboliser - quand ils savent qu'il va y avoir un remembrement discrètement , ils prennent leurs tronçonneuses et ils essayent de nettoyer tout le paysage , comme ça quand on fait l'état des lieux ; il n’y aura quasiment plus rien On est donc dans des situations très difficiles quand on a à faire a des gens comme ça."
"Dans les commissions de remembrement, on est confronté à des gens qui ont souci de leur rendement parce qu'ils sont victimes d'un modèle. Ce n'est pas de leur faute - ils jouent le jeu avec les règles qui leur sont imposées Et ils ne gagnent pas bien leur vie par rapport au travail qu'ils doivent fournir ; ils ont cette crispation sur les enjeux économiques que les écologistes dont je suis ne comprennent pas toujours mais ceci étant dit , nous on estime que ce n'est pas viable que leur modèle , va de crise en crise , que ce n'est pas viable à terme ;ils devraient agir avec nous pour changer de modèle et c'est là qu'il y a peut- être incompréhension parce que quand on vous a demandé de travailler sur un type de modèle pendant 30 ou 40 ans et que vous avez fait tous vos investissements là -dedans , que vous vous êtes endettés , c'est pas facile de changer de modèle. Quand nous on leur propose d'autres filières, il faut que ce soit des filières viables où ils peuvent gagner leur vie, il faut qu'on leur trouve des clients, des débouchés au maraîchage…. des choses comme ça. Il ne suffit pas de dire, il faut changer. Voila, il y a donc cette crispation et effectivement pour eux, l’arbre, c'est quelque chose de gênant. Dans certaines commissions de remembrement, je suis assis à côté d'un agriculteur, il va me dire : « ah! Mais si tu veux des arbres, t'as qu'à aller dans les Vosges… » Ils conçoivent même pas qu'un arbre puisse rester sur un ban communal. ça va très loin … c'est même pas la peine de parler de « paysages » ;il y a vraiment l'enjeu de leur revenu sur un mauvais système et pour la plupart d'entre eux c'est le seul enjeu qui compte … Après c'est un rapport de forces Nous, on a quand même certains droits heureusement : la PAC ; le Comité des rivières Les trames vertes nous donnent certains droits , on a certaines billes dans les négociations , mais quelque chose qui est imposé par le règlement , ça ne marchera jamais parce que les acteurs de terrain c'est les agriculteurs - vous avez beau dire , ici je veux imposer un corridor écologique si ça n'a pas été accepté au préalable , ce corridor écologique , au bout de quelques années , il disparaîtra très rapidement . Les politiques qui sont au dessus de ça , qui mettent en place les commissions qui pilotent tous ces systèmes , ils ont de beaux discours , ils savent très bien teindre les discours de « vert « - le Conseil général , il paie très cher des haies , des arbres etc. .. Mais si il n'y a pas l'acceptabilité des acteurs, ces arbres vont être coupés au bout de quelques années et personne n'ira jamais chercher le coupable, faire un procès …. il y a cette lâcheté là , c'est pour ça que nous, on n’ a pas le choix quitte à avoir peu de choses … il faut à tout prix que ce soit négocié avec les acteurs de terrain parce que nous après , on n'est pas tous les jours sur le terrain et eux , les acteurs agricoles , ils y sont tous les jours."
Jean Michel : "ce serait justement intéressant de parler de la PAC, de ce modèle qui régit l'agriculture."
Luc : "je peux parler un petit peu du Kochersberg On dit souvent que l'Alsace est devenue une terre maïsicole. Monoculture de mais et avec tous les problèmes que ça cause sur la qualité de l’eau, de la nappe phréatique. Il faut savoir que dans les années 50 , avant la PAC il y avait 2% de maïs en Alsace et donc les terres riches , fertiles autour de Strasbourg , le loess du Kochersberg , c'était des terres très propices à la polyculture ; il y a tout qui poussait sur ces terres Il y avait toutes les protéines végétales , le trèfle , la luzerne , le tabac , le houblon , toutes les céréales et ensuite la PAC est venue pervertir le jeu en orientant les subventions ,elle a favorisé une pratique au détriment d'une autre Il y a eu des accords mondiaux ; l'Europe n'avait plus le droit de faire des protéines végétales ; c'étaient les américains… donc tout ça a complètement changé le paysage et ainsi pour un agriculteur c'est plus intéressant de planter du maïs -alors que ce n’était pas une plante rustique de chez nous… pourquoi parce que par rapport aux subventions c'est la plante qui demande le moins de travail le rapport subvention / temps de travail est très intéressant pour le maïs Tout doucement la monoculture du maïs a été généralisée ; on a pollué l'eau des nappes et des ruisseaux. Dans les années 50, l'eau des ruisseaux était buvable maintenant c'est terminé Aujourd 'huit, le bassin de la Souffel - la rivière et ses ruisseaux - est le bassin, le plus pollué d'Alsace et c'est vraiment des pollutions agricoles ; ça se stabilise, mais il n’y pas de diminution notable. Des efforts ont été faits mais ils sont loin d'être généralisés.
La trame bleue c'est pour que les poissons puissent se déplacer et là, l'enjeu principal c'est de renaturer tous les cours d'eau mais aussi de lever tous les barrages. On a commencé à mettre des nasses sur le Rhin , donc les poissons , arrivent à remonter de plus en plus hauts mais maintenant il faut s'occuper de la Bruche , de la Zorn Il ne suffit pas de faire des nasses qui coûtent des millions mais il faut s'occuper des lieux de passages pour les poissons migrateurs.
la France a toujours délégué les affaires européennes au syndicat dominant le FNSEA, le syndicat de l'agriculture productiviste et chaque fois que l'Angleterre , l'Allemagne ont essayé de faire évoluer la PAC dans un sens plus environnemental , c'est la France qui a fait de la résistance ; après , c'est un rapport de force . Je fais partie des gens qui trouvent que le l'action associative est très importante mais je me rends compte que ça ne suffit plus ; on a été pas malmené en bateau avec le Grenelle … des choses comme ça… et à un moment donné il faut aussi que les choses bougent en politique , c'est pour ça que je m'engage pour Europe écologie ; on est un peu des pionniers ; peut être pour plus tard … quand Europe écologie aura plus de pouvoir au niveau européen , ce ne sera pas la même PAC que actuellement.
Jean mi : la banque du Crédit Agricole refuse de subventionner les agriculteurs qui veulent s'installer en Bio.
Luc raconte une séance de remembrement :
Quand on se réunit, on commence à définir les périmètres du remembrement. Il y a un PQPN, (personne que Alsace Nature nomme dans les commissions de remembrement)
Les réunions n’ont pas lieu en soirée, alors parfois, comme je travaille, je peux m'arranger avec un collègue, mais ce n’est pas toujours possible les réunions ont lieu systématiquement les après midi… ce qui rend la présence des PQPN difficile
A la première réunion , le PQPN arrive comme un cheveu sur la soupe ; il a intérêt à être souple si on les prend de front vu que le pouvoir n'est pas dans notre camp , on n’ aura rien , on sera l'emmerdeur de service et on va passer 3 heures pour rien . Il faut savoir composer. En général on sort une carte pour voir le périmètre et on dit : et bien maintenant on va tracer la ligne des nouveaux chemins. Avant, il y avait un certain nombre de chemins (héritages 1950 / 60) pour accéder aux différentes parcelles. Ce que veulent les agriculteurs c'est qu'il y ait le moins de chemins possibles et les parcelles les plus grandes possibles… on pourrait le comprendre dans un certaine manière ; c'est plus facile à exploiter, c'est plus rationnel d'avoir un champ bien droit Donc, ils vont commencer par tracer des lignes droites. Dans le Kochersberg, il y a encore des rondeurs, des chemins qui ne sont pas vraiment tout droits comme dans la bassin parisien où on a des grands chemins rectilignes à perte de vue. C’est à cause du relief … pour nous, c’est une chance …. De temps en temps, il y a un talus, alors là, il restera des arbres et si il y a un relief, il y aura un chemin qui devra contourner le relief.
Dans les commissions de remembrement où il y a un enjeu par rapport à une autoroute, ou le TGV par exemple: le concessionnaire de l'infrastructure va être obligé de mettre beaucoup d'argent pour financer des remembrements et là les agriculteurs ne se gênent pas. Les rares endroits où il y avait des talus, des bosquets, ils vont tout raser …. La ligne droite est cohérente par rapport à une logique productiviste agricole. Quand on parle de justes équilibres, en particulier par rapport aux enjeux paysagers, c’est faux ! On est en train de saccager le paysage ! Les gens du Conseil Général freinent les agriculteurs dans leurs frénésies de lignes droites … de temps en temps ils disent : « mais attends ! Cette petite colline, on va quand même pas l'enlever ! On va pas tout raser avec l'argent du Conseil Général juste pour vous faire plaisir ! …
. Le remembrement c'est parti pour 6 ans …il faut composer , soit on n’ y va pas et on garde la tête haute et si on y va pas ça sera pire on n’ a pas le choix parce que ces acteurs là c'est des acteurs de terrain , nous aussi on a des billes à défendre , des enjeux , on est là pour ça , on a été nommé pour ça on a autant le droit que les agriculteurs d’ être là et à un moment donné , il faut qu'on négocie …. Ce sont des négociations très frustrantes, au bout de 3 heures de commission de remembrement. Mais c'est un travail de longue haleine. Il y a aussi « un bureau d'étude environnementale » qui est sensé aussi défendre des enjeux environnementaux… quand ils sont là. Dans les communes où les maires sont proches de nous, ça va mieux que dans celles qui sont inféodées aux acteurs agricoles et le bilan, il se fait dans 6 ans.
Par exemple je me bats pour préserver un élément de relief parce que la logique de compensation c'est limite. Le Conseil Général dit par exemple : « attention si vous enlevez la haie qui est là vous serez obligé de la compenser c'est une obligation mais les acteurs agricoles disent : « c'est pas grave ! On va la compenser à un endroit où ça nous gêne moins … c'est à nous de dire non ! car c'est un milieu naturel c'est un biotope qui va pas se reconstituer du jour au lendemain Donc nous, dans une première étape on essaie de préserver avant de compenser et quand on voit que le rapport de forces ne nous est pas du tout favorable …. Il faut de temps en temps lâcher un élément naturel pour bien utiliser les compensations pour créer des corridors écologiques parce que ainsi les milieux naturels restants on peut les relier entre eux et aussi par rapport aux ruisseaux et ainsi on aura créé tout un petit maillage écologique sur un territoire. La situation de la biodiversité est aujourd'hui très mauvaise dans les zones périurbaines de Strasbourg si on raisonne en surface , il n'y a plus beaucoup de surfaces en éléments naturels Même si ces maillages ne sont pas grands en surface , les éléments naturels reliés entre eux font que ça marche mieux pour la flore et la faune , pour la biodiversité . Donc il y quand même des compromis même avec des agriculteurs qui ne cèdent pas forcément de la surface.
On essaie aussi de convaincre les agriculteurs que si on veut développer le tourisme vert dans le Kochersberg , il faut qu'il y ait autre chose que des champs de maïs et des routes à perte de vue …
Est ce qu'il y a des agriculteurs bios dans ces commissions ?
Dans le Kochersberg, il n'y en pas beaucoup hélas ! Dans les rares villages, le cultivateur bio c'est le pestiféré .Dans les commissions où je suis il n'y en a pas. Dans les villages de Griesheim , Pfittisheim , Dingsheim , il y avait encore une dizaine de petits agriculteurs , il y a 10 ans ;maintenant , il en reste 3 ou 4 qui exploitent chacun , 70 hectares il n'y a pas de place pour un agriculteur la- dedans et le foncier est très cher.
Au niveau des consommateurs , il y a une forte demande de bio, y compris dans les villages parce que ces fameux rurbains , eux ils n'ont pas de racines dans le terroir ….ils veulent que ça change , ils sont prêts à acheter du bio, aller dans des AMAPS ..Mais à un moment donné, il faut que le rapport de forces évolue parce que actuellement si un jeune veut s'installer en bio, il n’aura pas de terres.
Nous on connaît quelqu'un dans un village où le fils commence à être réceptif. Le père à 57 ans, le Fils 25 et lui, il envisage de se reconvertir tout doucement en bio ; on essaie de le pousser et bien sûr on lui garantira une filière d'approvisionnement mais c'est très dur parce que son père n'est pas très d'accord.
Le groupe se répartit en petits groupes selon l’intérêt à l une ou l’autre des situations
La coulée de boue
Les cochons (élevage intensif et élevage qui respecte les bêtes, l’environnement , l’alimentation )
Bios et non bios dans la famille
Des pommes à vendre
La commission de remembrement
Rondeurs et courbes contre lignes droites. Quels paysages pour l’Alsace ?
2 synopsis de scènes rédigés par Jean Michel
la coulée de Boue
Après plusieurs jours de pluies torrentielles , une coulée de boue envahit les rues du village occasionnant de très gros dégâts dans les rues dans les maisons et au parc automobile .
En urgence, sont réunis devant les conséquences de cet évènement : le maire , un agriculteur gérant une très grande exploitation agricole , un agriculteur converti à l’agriculture biologique depuis longtemps , un représentant d’Alsace nature et quelques habitants , ainsi qu’un très important entrepreneur de travaux publics de la région . Les habitants sont remontés et expriment leurs griefs au maire qui, jouant les ponce Pilate renvoie les évènements à quelque chose d’exceptionnel. Une habitante lui rappelle que ça fait la deuxième fois en 3 ans que cela se reproduit. L’expert Alsace Nature met en cause le remembrement et l a politique productiviste qui est imposée aux agriculteurs : de Via La PAC . le rasement des talus , des arbres et des fourrés , le nivellement systématique d’espaces tirés au cordeau qui permet en cas de pluies violentes des glissements de terrains à cause des terres devenues trop dures à force d’exploitation intensive qui ne permet plus la captation de l’eau jusqu’aux nappes phréatiques .
Le village se trouvant dans une cuvette, près d’une rivière. les pluies à répétition ont amassé des grosses quantités de terre qui peu à peu , faisant boule de neige , va s’entasser en un gigantesque amas , accumulation de boue de terre qui , par le poids et la force de a masse va se transformer en une immense coulée de boue que rien ne peut arrêter .
Le maire veut minimiser les propos de l’expert Alsace Nature … les habitants réclament des solutions.
L’entrepreneur BTP propose des solutions techniques, murs, travées d’évacuation, etc.… Les habitants sont très réservés à tous ces projets .L’agriculteur Bio proposera de revenir à une agriculture plus soucieuse de l’environnement et critique les méfaits de l’agriculture intensive . l’agriculteur productiviste rétorque qu’il faut nourrir la population et les animaux et qu’il est nécessaire de rentabiliser les investissements en matériel agricole de plus en plus sophistiqués , volumineux et nécessitent des lignes droites et des terres les plus plates possibles .
Les habitants ne trouvent pas leur compte après les atermoiements du maire, les propositions titanesques de l’entrepreneur BTP et le désaccord entre les deux agriculteurs.
Devant le surplace que provoque cette réunion. le maire esquive une sortie honorable en proposant une nouvelle réunion à la mairie d’ici quelques jours .. Les habitants restent sur leur faim et très critiques.
Les cochons
La scène met en confrontation deux types d’élevages de cochons :
D’un côté , l’élevage intensif dans lequel les cochons sont élevés sur un sol en caillebotis ( treillis de bois servant de plancher favorisant l’écoulement du lisier ), animaux recevant de fortes doses d’antibiotiques pour contrer toute infection et les faire grossir plus vite .
De l’autre , un élevage bio, où les cochons sont dans de larges enclos à ciel ouvert et nourris avec des grains et autres aliments complémentaires .
Dans le premier élevage, les animaux sont prostrés, émettent des sons étranges et grognent de façon inquiétante.
Dans le second élevage … les animaux gambadent et s’ébattent avec bonheur.
L’éleveur du premier groupe prend prétexte de la rentabilité et de l’importance d’alimenter le marché qui est très demandeur.
L’autre défend la qualité, la défense de l’environnement qui ne subit pas les conséquences de l’épandage du lisier dans les sols et risque de polluer les nappes phréatiques et les cours d’eau.
D’une part, nous avons des animaux confinés et d’autre part des animaux à l’air libre. Quel élevage favoriser en accord avec la préservation de l’environnement ?