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ALERTE 2011/ Projet de Théâtre Forum de la compagnie Potimarron, le blog des habitants
7 mars 2011

Compte Rendu Intervention de Luc Huber -1er Mars

Intervention de  Luc HUBER – militant associatif Alsace Nature.

Texte rédigé par Jacqueline à partir des enregistrements audio.

Il va nous parler du lien entre remembrement  et paysage de la campagne  alsacienne 

Luc rappelle qu'il est venu  au Potimarron  sur un  projet concernant les mobilités : Quels transports pour quelle société ? Il nous avait parlé alors  du GCO  contre lequel il se bat depuis 10 ans  au sein du collectif "anti GCO" car le  GCO  est " une mauvaise solution à un vrai  problème ."

Aujourd'hui Luc  parlera  du remembrement  qui  a un lien avec  le  GCO puisque le passage de celui- ci ,  s'il se fait , entraînera  une redéfinition du  foncier sur le territoire de  25 communes  agricoles et périurbaines.

Ce remaniement du foncier  devra   tenir compte à la fois des  enjeux  agricoles , environnementaux et citoyens… citoyens   parce que les  gens " les rurbains " qui ont acheté des terrains très chers  pour être  à la campagne  tout en étant  à la porte  de l'agglomération strasbourgeoise ont envie de profiter de la nature , des chemins pédestres, des  sites agréables et pas seulement se retrouver  à faire  leur  jogging  au bord d’une route .

Un équilibre  devrait  être  trouver entre ces 3 enjeux, mais en réalité  ça se passe  autrement  : dans les commissions  de remembrement , il devrait y  avoir des représentants des propriétaires  terriens , des exploitants , des élus de la commune mais  les agriculteurs s'arrangent pour être représentés quasiment à 90 % .Sur  20 personnes  présentes à la commission   , il  y a  18 agriculteurs . Pour le représentant de la nature PQPN( Personne  Qualifiée  en matière de Protection de la Nature ), c'est très dur d'essayer de défendre la  nature  et les enjeux qu'il y a derrière  :des enjeux paysagers  : est ce qu'on veut que l'Alsace ressemble à la  Beauce , à la  Brie  avec des grandes lignes droites , des champs à perte de vue où  tout est rectifié, nivelé. Sans relief, il n'y a plus de paysages.

Pour Jean Michel (Sicard), la question du rural, concerne directement les citadins que nous sommes puisque se pencher sur cette  question, c'est se demander  quelle  agriculture on veut  car l'agriculture  concerne directement notre  alimentation.

Yvette dit qu'à Marne La vallée,  Disney Land veut  agrandir son parc sur 45  hectares ; des agriculteurs sont expropriés; est ce Disney Land qui est l'avenir de notre pays ? 45 hectares, qui partent  en fumée …. on devra chercher l'alimentation ailleurs , dans les pays en voie de développement …des  aliments  qui vont faire des milliers  de kilomètres et ainsi produire des gaz à effet de serre, alors qu'ici à Marne La vallée on pourrait garder les 45 hectares  pour l'agriculture  Personnellement moi  ça me touche  ça me fait mal aux tripes de voir ça. Il y a  quasiment  l'équivalent de 2 terrains de football  en  terres qui partent tous les jours, dans les constructions  et le reste….

Thérèse évoque  la ceinture maraîchère qui est en train de se développer autour des villes.

1000 hectares  en Alsace, qui  étaient agricoles, sont, chaque  année  artificialisées, soit par l’urbanisation, soit par différentes infrastructures telles  que les transports et autres. 

 La question se pose : est ce qu'il faut continuer  de perdre autant de terres  agricoles ? Est ce qu'il faut que le  Brésil devienne la ferme du monde et nous inonde de produits  agricoles ? Est-ce que l'avenir n'est pas à quelque chose de local Ne faut-il  pas gagner  en autosuffisance alimentaire ? Pour une ville comme  Strasbourg, l’enjeu très important  pour les décennies à venir   Créer, par exemple, une ceinture maraîchère  autour de  Strasbourg  afin d'être autosuffisant au niveau des  fruits et des légumes.

Si  le GCO ne se fait pas -on continue la bataille  contre cette  autoroute -, on pourra  transformer les   300 hectares  en trames vertes et en ceinture maraîchère.

"En tant que  naturaliste, je suis  concerné  par la trame verte  et bleue. L’enjeu, c’est la question des mobilités de  la faune et la flore …. Des enjeux  liés à la biodiversité. En Alsace comme partout dans le monde, la biodiversité  a beaucoup régressé depuis ces dernières décennies : des espèces ont disparu.  L'un  des enjeux  , est de créer des corridors  écologiques  qui relient  entre eux des espaces encore  naturels  pour que la flore et la faune puissent se déplacer   ; ainsi on espère regagner de la biodiversité  car on pense que l'avenir de l'espèce humaine passe par l'arrêt de l'atteinte à la biodiversité ;les corridors verts permettent à la flore et à la faune de circuler et nous ,dans les commissions de remembrement l'une de nos principales revendications , c'est d'obtenir ces fameux corridors verts ."

A ne pas confondre  avec les enjeux citoyens : un corridor vert ça permet à la faune de circuler  en toute tranquillité ; souvent ça peut être le long d'un ruisseau, alors que les citoyens qui ont besoin de chemins de promenades et  pistes  cyclables   ne doivent pas  être au même endroit que les couloirs écologiques : ils peuvent aller de l'autre côté du ruisseau…

"Quand on parle de terres  agricoles, il y a vraiment des choses qui sont en notre défaveur : les agriculteurs   ont un enjeu économique que nous comprenons,  mais  ils en parlent toujours en terme de " contraintes  environnementales. On estime qu'un agriculteur ne devrait pas parler en terme de contraintes  environnementales, parce  que sans la nature, l'agriculteur n'est rien. Il n'y  pas d'agriculture sans nature  et pour l'instant l’environnement, pour les agriculteurs c'est encore des contraintes  alors nous on essaie  de se battre. Parmi les marges de manœuvre , le ruisseau est assez  intéressant , parce que l'Europe  impose  de  garder le long des ruisseaux  des  bandes de  5 mètres enherbées ; avant les  agriculteurs plantaient du maïs  jusque presque la moitié du ruisseau !  La PAC leur paye ces bandes enherbées ;  et pour nous  c'est une opportunité  pour négocier  ces terres  agricoles - là."

"Du coup, il est plus facile de négocier les  trames vertes , les couloirs écologiques , voire les sentiers de randonnées pour les citoyens -  et les associations de pêcheurs sont aussi associés ;  dans une commission de remembrement , il y a  3 PQPN , un nommé par Alsace  Nature , un nommé par les chasseurs et les pêcheurs et le  3 ème est nommé par la Chambre d'agriculture ,alors qu'ils sont déjà  18  personnes sur  20 à 22 ....Ainsi, ils ont même  réussi à ce que l'un des  3 OQPN  soit un agriculteur ; ça montre bien où se situent les rapports de force …"

"Dans les commissions  de remembrement, être  PQPN, est très  frustrant car nous, on a un idéal ; on  accepte d'être  PQPN, mais le rapport de force n'est pas en notre faveur.  Pourtant, le peu qu'on arrive à obtenir, on ne l’aurait pas si on n’y était pas."

"Je dois dire que  Conseil Général qui pilote ces remembrements joue assez bien le jeu  Il est  sensé être arbitre entre les  3 enjeux ; mais   même si  un arbitre est objectif ....si dans une   équipe il y a  20 joueurs ; et dans l'autre  équipe il y  en  a deux , l’arbitre  n’arrivera pas   à faire gagner l'équipe où y a seulement deux joueurs ."

"Les  zones naturelles  autour de Strasbourg  ne sont plus très  nombreuses.  Si vous allez  à Pflugriesheim , il n' y a déjà plus beaucoup d'arbres ;il n’ y a pas de haies , il n'y  a plus grand chose  par rapport il y a  40 ou 50 ans , mais c'est LA PAC( politique  agricole  commune ) qui a crée cela . Aujourd’hui, , avec les nouvelles directives, au niveau  d’une  commission de remembrement, voila comment ça se passe  :s’il  y a un élément naturel sur un terrain … au mieux , il est préservé ; au pire s'il doit être enlevé   parce qu'on veut agrandir des  champs ou faire passer une autoroute , il doit être compensé  à un autre endroit .Donc,  on part d'un état des lieux pour voir où il y  a des bosquets, des arbres avant de commencer le remembrement et comme ça , à la fin - un remembrement ça peut durer  6 ans -  on fait le point : est ce qu'il y a  autant de nature  qu'il y avait avant …..Voir un peu plus si on arrive à bien négocier. certains agriculteurs - pas tous , je ne veux pas les diaboliser -  quand ils savent qu'il va y avoir un remembrement  discrètement , ils prennent leurs tronçonneuses et ils essayent de nettoyer tout le paysage , comme ça  quand on fait l'état des lieux ; il n’y aura quasiment plus rien  On est donc dans des situations très difficiles  quand on a à faire  a des gens comme ça."

"Dans les commissions  de remembrement,  on   est confronté     à des gens      qui ont souci de leur rendement parce qu'ils sont victimes d'un modèle. Ce n'est pas de  leur faute - ils jouent le jeu  avec les règles qui leur sont imposées Et ils ne gagnent pas bien leur vie par rapport au travail qu'ils doivent fournir ; ils ont cette crispation sur les enjeux économiques  que les écologistes  dont je suis ne comprennent pas toujours  mais ceci étant dit , nous on estime que ce n'est pas viable  que leur modèle , va de crise en crise , que ce n'est pas viable à terme ;ils devraient agir avec nous pour changer de modèle  et c'est là qu'il y  a peut- être incompréhension parce que quand on vous  a demandé de travailler sur un type de modèle pendant 30 ou  40 ans et que vous avez fait tous vos investissements là -dedans , que vous vous êtes endettés , c'est pas facile de changer de modèle.  Quand nous on leur propose d'autres filières, il faut que ce soit des filières  viables où ils peuvent gagner leur vie, il  faut  qu'on leur trouve des clients,  des débouchés au maraîchage…. des choses comme ça. Il ne suffit pas de dire, il faut changer.  Voila, il y a donc cette crispation  et effectivement pour eux, l’arbre, c'est quelque chose de gênant.  Dans certaines commissions de remembrement, je suis assis à côté d'un agriculteur, il va me dire : «  ah! Mais si tu veux des arbres, t'as qu'à aller dans les Vosges… »  Ils conçoivent même  pas qu'un  arbre  puisse rester sur un ban communal. ça va très loin … c'est même pas la peine de parler de « paysages »   ;il y a vraiment l'enjeu de leur revenu sur un mauvais système  et pour la plupart d'entre eux c'est le seul enjeu qui compte … Après c'est un rapport de forces Nous, on a quand même certains droits heureusement : la  PAC ; le  Comité des rivières    Les trames vertes nous donnent certains droits , on a certaines billes dans les négociations , mais quelque chose qui est imposé par le règlement , ça ne marchera  jamais  parce que les acteurs de terrain c'est les  agriculteurs - vous  avez beau dire , ici je veux imposer un corridor écologique  si ça n'a pas été  accepté au préalable , ce corridor écologique , au bout de quelques  années , il disparaîtra très rapidement . Les  politiques qui sont au dessus de ça ,  qui mettent en place  les commissions qui pilotent tous ces systèmes , ils ont de beaux discours , ils savent très bien  teindre les discours de « vert « - le Conseil général , il paie très cher des  haies , des arbres  etc. .. Mais si il n'y a pas l'acceptabilité des acteurs, ces arbres vont être coupés au bout de quelques années et personne n'ira jamais chercher le coupable, faire un procès …. il y a cette lâcheté  là , c'est pour  ça que nous, on n’ a pas le choix quitte  à avoir peu de  choses … il faut  à tout prix que  ce soit négocié avec les acteurs de terrain  parce que nous après , on n'est  pas tous les jours sur le terrain et eux , les acteurs agricoles , ils  y sont tous les jours."

Jean Michel : "ce serait  justement intéressant  de parler de la  PAC, de ce  modèle   qui régit l'agriculture."

 Luc : "je peux parler un petit peu du Kochersberg  On dit souvent que l'Alsace est devenue une terre  maïsicole. Monoculture de mais et avec tous les problèmes  que ça cause sur la qualité de l’eau, de la nappe  phréatique.  Il faut savoir que dans les années  50 , avant la PAC il y  avait  2% de maïs en Alsace et donc les terres riches , fertiles autour de Strasbourg , le loess du Kochersberg , c'était des terres très propices à la polyculture ; il y a tout qui poussait sur ces terres   Il y avait toutes les protéines  végétales , le trèfle , la luzerne , le tabac , le houblon , toutes les céréales  et ensuite la  PAC est venue pervertir le jeu en orientant les subventions ,elle  a favorisé une pratique au détriment d'une autre  Il y a eu des accords mondiaux ; l'Europe n'avait plus le droit de faire des protéines végétales ; c'étaient les américains… donc tout ça  a complètement changé le paysage  et ainsi  pour un agriculteur  c'est plus intéressant de planter du maïs -alors que ce n’était  pas une  plante rustique de chez nous…  pourquoi parce que par rapport aux subventions c'est la plante qui demande le moins de travail  le rapport  subvention / temps de travail est très intéressant pour le maïs  Tout doucement la monoculture du maïs  a été  généralisée ; on a pollué l'eau des nappes et des ruisseaux.   Dans les années  50, l'eau des ruisseaux était buvable  maintenant  c'est terminé Aujourd 'huit, le bassin de la Souffel - la rivière et ses ruisseaux - est le bassin, le plus pollué d'Alsace et c'est vraiment des pollutions agricoles ; ça se stabilise, mais il n’y  pas de diminution notable. Des efforts ont été  faits  mais ils  sont loin d'être généralisés.

La trame bleue  c'est pour que les poissons puissent se déplacer  et là, l'enjeu principal c'est de renaturer tous les cours d'eau mais aussi de lever tous les  barrages. On a commencé à mettre des nasses  sur le Rhin , donc les poissons , arrivent à remonter de plus en plus hauts mais maintenant il faut s'occuper de la  Bruche , de la  Zorn  Il ne  suffit pas de faire des nasses  qui coûtent des millions mais il  faut  s'occuper des lieux de passages pour  les poissons migrateurs.

 la France  a toujours délégué  les affaires  européennes  au syndicat dominant le  FNSEA, le syndicat de l'agriculture productiviste  et chaque fois que l'Angleterre , l'Allemagne ont  essayé de faire évoluer la PAC dans un sens plus environnemental , c'est la  France qui a fait de la résistance ; après , c'est un rapport de force . Je fais  partie  des gens qui trouvent  que le l'action associative est  très importante  mais je  me rends compte  que ça ne suffit plus ; on a été  pas malmené  en bateau  avec le  Grenelle … des choses comme ça…  et à un  moment donné il faut aussi que les choses bougent en politique  , c'est pour  ça que je m'engage pour Europe  écologie ; on est un peu des pionniers ; peut être pour plus tard … quand Europe écologie aura plus de pouvoir au niveau européen , ce ne sera pas la même  PAC  que  actuellement.

Jean mi : la banque du Crédit Agricole  refuse de subventionner les  agriculteurs qui veulent s'installer en Bio.

 Luc raconte  une séance de remembrement :

  Quand on se réunit, on commence à définir les périmètres du remembrement. Il y a un  PQPN, (personne  que  Alsace Nature  nomme dans les commissions de remembrement)

 Les réunions  n’ont pas lieu en soirée, alors  parfois, comme je travaille,  je peux m'arranger avec un collègue, mais  ce n’est pas toujours possible   les réunions ont lieu systématiquement  les après midi… ce qui rend la présence des  PQPN  difficile

 A la  première réunion , le  PQPN  arrive comme un cheveu sur la soupe ; il a intérêt  à être  souple  si on les prend de front vu que le pouvoir n'est pas dans notre camp , on n’ aura rien , on sera l'emmerdeur de service et on va passer  3 heures pour rien . Il faut savoir composer.  En général on sort une carte  pour voir le périmètre  et   on dit : et bien maintenant on va tracer la ligne des nouveaux chemins. Avant, il y  avait un certain nombre de chemins (héritages  1950 / 60) pour accéder aux différentes  parcelles.   Ce que veulent les agriculteurs  c'est qu'il y ait le moins de chemins possibles  et les parcelles  les plus grandes possibles… on pourrait le comprendre dans un certaine manière ; c'est plus facile à exploiter, c'est plus rationnel  d'avoir un champ bien droit Donc, ils vont commencer par  tracer des lignes droites.  Dans le  Kochersberg, il y a encore   des rondeurs, des chemins qui  ne sont pas vraiment tout droits comme dans la  bassin parisien où on a des grands chemins rectilignes  à perte de vue. C’est à cause du relief … pour nous, c’est une chance  …. De temps en temps, il y a un talus, alors  là, il restera des arbres  et si il y  a un relief, il y aura un chemin qui devra contourner le relief.

 Dans les  commissions de remembrement où il y a un enjeu par rapport à une autoroute,  ou le  TGV par exemple: le concessionnaire de l'infrastructure va  être obligé de mettre  beaucoup d'argent pour financer des remembrements et là les agriculteurs ne  se gênent pas. Les rares  endroits  où il y  avait des talus, des bosquets, ils vont tout raser …. La ligne droite  est cohérente par rapport à une logique productiviste  agricole.  Quand on parle    de justes  équilibres, en particulier par rapport aux   enjeux paysagers, c’est  faux !   On est en train de saccager le paysage ! Les gens du Conseil Général freinent  les agriculteurs   dans leurs  frénésies  de lignes droites … de temps en temps ils disent : «  mais attends ! Cette petite colline, on va quand même pas l'enlever ! On va pas tout  raser avec l'argent du Conseil Général juste pour vous faire plaisir ! …

. Le remembrement  c'est parti pour 6 ans …il faut composer , soit on n’ y va pas   et on garde la tête haute  et si on y va pas ça sera pire  on n’ a pas le choix  parce que ces acteurs là c'est des acteurs  de terrain , nous aussi on  a  des billes à défendre , des enjeux , on est là pour  ça , on a été nommé pour ça  on a autant le droit que les agriculteurs d’ être là et à un moment donné , il faut qu'on négocie …. Ce sont des négociations très  frustrantes, au bout de  3 heures de  commission de remembrement. Mais  c'est un travail de longue  haleine. Il y a aussi « un bureau d'étude  environnementale »  qui est sensé aussi défendre des enjeux environnementaux… quand ils sont là. Dans les communes où les maires sont proches de nous, ça va mieux que dans  celles qui sont inféodées  aux acteurs  agricoles  et le bilan, il se fait dans  6 ans.

  Par exemple je  me bats pour préserver un élément de relief parce que la logique de compensation c'est limite.  Le Conseil Général dit par exemple : «  attention si vous enlevez  la haie qui est là vous serez  obligé de la compenser  c'est une obligation mais les acteurs agricoles disent : « c'est pas grave ! On va la compenser  à un endroit où ça nous gêne moins …  c'est à nous de dire non ! car  c'est un milieu naturel c'est un biotope qui va pas se reconstituer du jour au lendemain  Donc nous, dans une première étape on essaie de préserver  avant de compenser et quand on voit que le rapport de forces ne nous est pas du tout favorable …. Il faut de temps en temps lâcher un élément naturel  pour bien utiliser les compensations pour créer des corridors écologiques  parce que ainsi les milieux naturels restants on peut les relier entre eux  et aussi par rapport aux ruisseaux et ainsi on aura créé tout un petit maillage écologique sur un territoire.  La situation de la biodiversité   est aujourd'hui très mauvaise dans les zones périurbaines  de  Strasbourg  si on raisonne  en surface , il n'y a plus beaucoup de surfaces  en éléments naturels  Même si ces maillages ne sont pas grands en surface ,  les éléments  naturels reliés entre eux  font  que ça  marche mieux  pour la flore et la faune , pour la biodiversité . Donc il y  quand même des compromis  même avec des agriculteurs qui ne cèdent pas forcément de la surface.

 On essaie  aussi  de  convaincre  les  agriculteurs que si  on veut  développer  le tourisme vert dans le  Kochersberg , il faut qu'il y ait autre chose que des champs de maïs et des routes  à perte de vue …

 Est ce qu'il y a des agriculteurs bios dans ces commissions ?

 Dans le  Kochersberg, il n'y en pas beaucoup  hélas ! Dans les rares  villages, le cultivateur bio c'est le pestiféré  .Dans les commissions où je suis il n'y en a pas.  Dans les villages  de  Griesheim , Pfittisheim , Dingsheim , il y avait encore une dizaine  de petits agriculteurs , il y a  10 ans ;maintenant , il en reste  3 ou 4  qui exploitent chacun  , 70  hectares  il n'y a pas de place  pour un agriculteur  la- dedans  et le foncier est très cher.

  Au  niveau des consommateurs , il y a une forte  demande de bio, y compris dans les villages parce que ces fameux rurbains , eux ils n'ont pas de racines dans le terroir ….ils veulent que  ça change , ils sont prêts  à acheter du bio, aller  dans des AMAPS ..Mais à un moment donné, il faut que le rapport de forces évolue parce  que  actuellement si un jeune veut s'installer en bio, il n’aura pas de terres.

 Nous on connaît  quelqu'un dans un village où le fils  commence à être réceptif. Le père à  57 ans, le Fils  25  et lui, il envisage de se  reconvertir tout doucement en bio ; on essaie de le pousser  et bien sûr on lui garantira une filière d'approvisionnement mais c'est très dur parce que son père  n'est pas très d'accord.  

 Le groupe se répartit en petits  groupes  selon  l’intérêt  à l une ou l’autre  des  situations

 La coulée de boue

 Les cochons (élevage  intensif et élevage  qui respecte les bêtes, l’environnement  , l’alimentation )

 Bios et non bios  dans la  famille

 Des pommes à vendre

 La commission de remembrement

 Rondeurs et  courbes  contre lignes droites.  Quels paysages  pour l’Alsace ?

 

2 synopsis  de scènes rédigés par Jean Michel

la coulée  de  Boue

Après  plusieurs jours de pluies  torrentielles , une coulée de boue  envahit  les rues  du village occasionnant de très gros dégâts  dans les rues  dans les maisons   et au parc automobile . 

En urgence, sont réunis devant les conséquences  de cet évènement : le maire , un agriculteur gérant  une très grande  exploitation  agricole , un agriculteur  converti à l’agriculture biologique depuis longtemps , un représentant d’Alsace  nature  et quelques  habitants , ainsi qu’un  très important  entrepreneur  de  travaux publics de la  région . Les  habitants  sont  remontés  et expriment leurs griefs au maire  qui, jouant les ponce Pilate  renvoie  les évènements à quelque chose d’exceptionnel. Une habitante  lui rappelle que ça fait la deuxième fois  en 3 ans  que cela se reproduit. L’expert  Alsace  Nature   met en cause le remembrement  et l a politique  productiviste  qui est imposée  aux  agriculteurs : de Via  La  PAC . le rasement des talus , des arbres  et des fourrés , le nivellement  systématique  d’espaces  tirés au  cordeau  qui permet   en cas de pluies violentes des glissements de terrains  à cause des terres  devenues  trop dures  à force d’exploitation  intensive qui ne permet plus la captation de l’eau  jusqu’aux nappes  phréatiques .

Le village  se trouvant dans une cuvette, près d’une rivière. les pluies  à répétition  ont amassé  des grosses quantités  de terre  qui peu à peu , faisant boule de neige , va s’entasser en un gigantesque  amas , accumulation de boue de terre  qui , par le poids et  la force de a masse     va se transformer  en une immense  coulée de boue  que rien ne peut arrêter .

Le maire veut  minimiser les propos  de l’expert  Alsace  Nature  … les  habitants réclament des solutions.

L’entrepreneur  BTP propose des  solutions techniques, murs, travées  d’évacuation, etc.… Les  habitants sont très réservés  à tous ces projets .L’agriculteur  Bio proposera de revenir  à une  agriculture  plus soucieuse  de l’environnement  et critique les méfaits  de l’agriculture intensive . l’agriculteur  productiviste  rétorque   qu’il faut nourrir la population et les animaux  et qu’il est nécessaire  de rentabiliser  les investissements en matériel  agricole de plus en plus  sophistiqués , volumineux  et nécessitent des lignes droites  et des terres  les plus plates possibles .

Les  habitants  ne trouvent pas leur compte  après les atermoiements du maire, les propositions titanesques  de l’entrepreneur BTP  et le désaccord  entre les deux agriculteurs.

Devant le surplace  que provoque  cette réunion. le maire  esquive  une sortie  honorable  en proposant  une nouvelle réunion à la mairie  d’ici  quelques jours .. Les  habitants restent sur leur faim et très  critiques.

 

Les cochons

La scène  met  en confrontation  deux types  d’élevages de cochons :

D’un côté , l’élevage intensif  dans lequel les cochons  sont élevés  sur  un sol en caillebotis ( treillis de  bois  servant  de plancher  favorisant  l’écoulement du lisier ), animaux recevant   de fortes doses  d’antibiotiques  pour contrer toute infection  et les faire grossir plus vite .

De l’autre , un élevage  bio, où les cochons  sont dans de larges  enclos  à ciel ouvert  et nourris  avec des grains  et autres aliments complémentaires .

Dans le premier élevage, les animaux sont prostrés, émettent des sons étranges  et grognent de façon inquiétante.

Dans le second   élevage … les animaux gambadent  et s’ébattent avec bonheur.

L’éleveur du premier groupe  prend prétexte  de la rentabilité  et de l’importance  d’alimenter le marché  qui est très demandeur.

L’autre  défend la qualité, la défense de l’environnement  qui ne subit pas  les conséquences de l’épandage du lisier  dans les sols  et risque  de polluer  les nappes phréatiques et les cours d’eau.

D’une part, nous avons des animaux confinés  et d’autre part  des animaux à l’air libre. Quel élevage  favoriser  en accord avec la préservation de l’environnement ?

 


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